C’est avec une très grande satisfaction que la LDH Béziers a accueilli le nombreux public dans l’amphi complet de l’IUT, co-organisateur de la conférence du professeur Marc Lazar.  Après un accueil chaleureux de Jérôme Azé, directeur de l’IUT de Béziers, de Thierry Mathieu, Conseiller régional d’Occitanie et de Jean-Paul Palmade Président de la LDH Béziers, Marc Lazar est entré dans le vif du sujet en rappelant le titre de son intervention : le populisme est-il dangereux pour nos démocraties ?

 

La première réflexion est bien de répondre à la question :  qu’est-ce que le populisme ?

De plus il est important de donner une définition objective et neutre pour comprendre les formes que peut prendre le populisme et les effets qu’il a sur la démocratie, afin d’éviter des définitions en jugements de valeurs.

 

Il est à noter qu’actuellement le populisme s’inscrit dans la durée, ce 21e siècle est le siècle du populisme et d’une certaine façon la démocratie est en danger dans le monde. Notre orateur rappelle que seul 40 % de la population mondiale vit réellement en démocratie.

 

Pour aller à l’essentiel, on peut retenir trois définitions du populisme :

 

Une définition idéologique : Contrairement au conservatisme, au socialisme ou oa communisme le populisme est une forme idéologique peu structurée, peu substantielle, assez plastique.

 

C’est aussi une définition stratégique : il constitue un moyen pour un acteur ou un mouvement, de conquérir le pouvoir, en utilisant le discours rhétorique, « parler peuple », « faire peuple ».

 

Enfin c’est une définition culturelle, le populisme est un mouvement culturel, du bas vers le haut se servant, voire en abusant du « bon sens ».

 

Le populisme est donc une combinatoire de ces trois éléments, lié à une dimension nationale c’est-à-dire soit identitaire soit contestataire que l’on pourrait appeler un national populisme.

le Professeur Marc Lazar pendant son intervention

Ensuite notre orateur a défini les points communs et les différences entre le national populisme de droite par exemple présent en Hongrie, en Italie ou en France et le national populisme de gauche que l’on peut trouver par exemple en Amérique latine, au Venezuela ou dans nos pays européens avec certains minoritaires.

 

Concernant les points communs entre ces deux populismes, on retrouve la notion de souveraineté nationale, c’est-à-dire « du peuple sans limite » avec en quelque sorte la tyrannie de la majorité, « j’ai gagné les élections », je peux tout faire et ne jamais tenir compte des minorités ».

Autre élément commun :  être très critique avec un rejet de l’Europe en raison de la prééminence de la nation avec un sentiment exacerbé contre les élites. (« qu’ils partent tous, sortez les sortants » etc…)

 

Toutefois il existe des différences entre le populisme de droite et de gauche :

  • Pour le populisme de droite il s’agit avant tout du peuple qui est né en France avec une notion de nation fermée
  • Alors que le populisme de gauche s’appuie sur une nation ouverte à l’étranger.

Sur la caractéristique même du peuple :

  • Pour les populistes de droite il s’agit des « gens »
  • Pour le populisme de gauche c’est avant tout un peuple militant, citoyen et politisé.

 

Le conférencier s’est attaché ensuite à prendre des exemples tout d’abord à travers l’Italie avec le Mouvement 5 étoiles et les Frères d’Italie de la première ministre Meloni puis en France à travers les exemples du Rassemblement National et de la France Insoumise.

 

Enfin avant de donner la parole à la salle avec des échanges approfondis, Marc Lazar a rappelé les points fondamentaux expliquant le succès du populisme en Italie ou en France à travers trois éléments :

 

  • La défiance politique des institutions et des élus politiques. Le personnel politique déçoit, on observe un éloignement des citoyens vis-à-vis de leurs élus avec des attentes non satisfaites et une perception d’un monde de « corrompus ».

 

  • La situation sociale et économique entraîne de nombreuses colères :

 

  • la précarisation du marché du travail des jeunes et des femmes, les inégalités sociales intergénérationnelles, les inégalités femmes hommes, les inégalités territoriales, le recul des services publics.

 

  • La question de l’immigration : si notre société est de plus en plus diversifiée la perception de trop d’immigrés reste présente et développe des sentiments de racisme et de xénophobie en créant la crise de nos modèles d’intégration.

 

 

Marc Lazar a conclu en répondant, qu’effectivement le populisme est dangereux pour nous démocratie, toutefois il offre aussi une opportunité de rénovation permettant un changement dans nos sociétés comme par exemple l’ouverture des partis, la démocratie participative, des initiatives pour favoriser les jeunes générations bref de trouver des solutions qui font sens et qui permettent à une société de plus en plus multiculturelle d’exister.