Pourquoi pas un nouveau livre pour les étrennes? Notre adhérente et militante de notre section de Béziers Hawa Adjali , vient de publier un nouveau roman, Le Silence de Dhaïa Barza, aux éditions Falcon. Nous l’avons rencontré pour parler de ce roman.

Hawa Djabali photo LDH Béziers

Comment présenteriez-vous l’intrigue de votre roman, Le Silence de Dhaïa Barza ?

Ce n’est pas tant « ce qui se passe » que « comment cela se passe » qui constitue le corps du roman. La vie d’une femme, une artiste, une femme de culture, fille de paysans, dans l’Algérie des années 80. Sans points d’appui, malgré son dynamisme et son humeur joyeuse, elle accueille un Silence dans sa vie et c’est ce silence qui va parler à sa place. Ses enfants sont proches d’elle, Samiya sa plus jeune fille, ressent tous les états d’esprit de sa mère. Puis, la tension d’une inexplicable disparition. Samiya ne peut admettre la mort de sa mère. Aucune trace, aucune explication ne viennent confirmer ni infirmer cette mort. Deux générations, une mère et une fille. Deux hommes, à différents moments de leur vie, leurs compagnons, qui s’inventent des vies d’hommes sans sexisme. Un Silence, celui qui converse avec les femmes arabes.

Pourquoi le Silence est-il si important pour cette femme ?

Le Silence s’est imposé, Dhaïa n’a pas choisi. Un silence n’est ni bon, ni mauvais, il est la dernière expression possible, la dernière expression, lorsque tout a été dit et que rien n’a été entendu. Cette histoire est un conte, elle nous emmène d’un monde à l’autre (le monde du réel, le monde du rêve, le monde du Silence, le monde de la création, l’univers familial) pour nous faire découvrir le dehors et le dedans des choses. L’histoire ne finit pas « bien » comme on l’entend habituellement, mais les personnages sont là, jusqu’au bout avec leur force, leur détermination, leur inépuisable tendresse.
Vous qui êtes milante des droits de l’Homme, vos personnages féminins reflètent-ils la condition des femmes arabes d’hier et aujourd’hui ?

Le code de la famille n’est pas favorable en Algérie. Les femmes, en général « tiennent ». Elles sont, pour la plupart, solides ; mais les influences, présentes et conjuguées des mouvements fascistes (appelés extrémistes sans raison) et du modèle américain, présent, lui aussi, par les media, sont troublantes et ravageuses. Il y a celles qui se réfugient dans ce qu’elles pensent être « la religion » et les autres, qui s’expriment ou se taisent, mais résistent. L’Algérie est un pays de femmes. Un dicton est significatif : « lorsque tout va mal, les femmes se lèvent ». Au niveau juridique c’est un bouillon composé de la loi islamique et du code napoléonien qui s’est imposé. Un jour, on fera mieux.