Créée en 1898 pour défendre un innocent, le capitaine Dreyfus, la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen est de tous les combats pour la justice, les libertés, les droits civiques et politiques, les droits économiques, sociaux et culturels, contre le racisme et l’antisémitisme depuis plus de 120 ans.
Sur cette base, la LDH se développe au début du siècle et est à l’initiative de nombreuses campagnes, notamment, dans les années 1900-1920, en faveur de responsables syndicalistes poursuivis. Elle intègre alors la défense des droits économiques et sociaux à ses objectifs et pose avec vigueur le problème de la justice sociale et des droits des travailleurs.
Au lendemain de la Première guerre mondiale, elle s’efforce de maintenir le dialogue pour préserver la paix, avec les autres ligues européennes, en particulier la ligue allemande et la ligue belge, et c’est avec elles qu’elle crée la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) en 1922.
Pendant l’entre-deux-guerres, elle est à l’initiative d’une vaste campagne pour la réhabilitation des soldats condamnés à tort par les conseils de guerre pendant le conflit. De nombreuses interventions, pétitions et mobilisations lui permettent d’obtenir, dans de nombreux cas, leur réhabilitation.
Dans les années 30, la LDH joue un rôle important dans le rassemblement de toutes les forces démocratiques et progressistes dans la lutte contre le fascisme. C’est au siège de la Ligue des droits de l’Homme qu’est signé le Pacte des partis de gauche, syndicats et associations antifascistes, qui fonde le Front populaire en 1935.
Pendant l’occupation nazie et le régime dictatorial de Vichy, la LDH paie un très lourd tribut : ses locaux sont occupés, toutes ses archives saisies (elle les a enfin récupérées en 2000, après un détour par Moscou, l’armée soviétique les ayant prises aux nazis à Berlin en 1945). Beaucoup de ses cadres participent à la Résistance. À la Libération, le tiers des membres de son comité central est porté disparu : assassinés, morts en déportation ou fusillés.
Après la guerre, la LDH se reconstitue, très affaiblie. Elle se consacre aux problèmes liés à la décolonisation et aux attitudes répressives et attentatoires aux droits de l’Homme des IVe et Ve Républiques dans les colonies.
À partir de 1958, elle s’élève de plus en plus contre les pratiques de la Ve République en matière d’institutions et de libertés publiques.
Autre combat qui favorise sa relance, celui qu’elle mène dans les années 70 pour défendre les libertés dans l’armée ou encore en faveur de réformes législatives pour la liberté de la contraception et de l’avortement, l’abolition de la peine de mort et l’abolition de lois répressives comme la loi dite « Sécurité et liberté ».
Dans les années 80 et 90, la situation faite aux immigrés en France est un souci constant de la LDH. Elle milite pour l’abolition des lois restrictives les concernant (ordonnance de 1945 sur les étrangers, loi Pasqua, loi Debré…), pour la régularisation de tous les étrangers sans-papiers qui en ont fait la demande dans le cadre de la procédure Chevènement, pour la reconnaissance des diplômes des médecins étrangers, et, depuis 1980, pour le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales.
Simultanément, dans un contexte de crise économique et de chômage croissant, elle définit la citoyenneté sociale, pour lutter contre les nouvelles formes de pauvreté, contre les licenciements abusifs, pour le droit au logement et aux soins.
De manière plus générale, la LDH se consacre de manière prioritaire à la lutte contre les discriminations. Elle se préoccupe du danger que représente l’extrême droite en France et en Europe, tandis qu’elle entame avec la FIDH une action vigoureuse contre l’impunité internationale.