Les Rois Mages ont dorénavant intégré dans leur GPS, les coordonnées de la mairie de Béziers, où depuis maintenant 2014, une crèche retrouve chaque année sa place dans la cour de l’Hôtel de Ville. Une crèche de la Nativité, bien identifiée, annoncée régulièrement par des écrits de la mairie du type « … alléluia la crèche est arrivée » ou encore « une magnifique crèche de la Nativité, venez admirer les personnages fondateurs de notre culture chrétienne » accompagnée d’un visuel pour l’inauguration d’une peinture d’une scène de la Nativité. Alors encore un effort, Monsieur le Maire, pourquoi pas la messe de minuit à l’hôtel de ville se terminant par la pose délicate, dans vos bras de l’enfant Jésus prenant sa place dans sa crèche biterroise !
Pourquoi toutes les autres Mairies de France ne le font-ils pas ?
C’est un fait, une telle crèche n’a pas sa place dans un bâtiment de la République. Pourquoi seuls 4 ou 5 maires en France s’obstinent à placer une crèche de la Nativité dans un bâtiment public, alors que 35.594 autres maires ne le font pas ? Tout simplement parce qu’ils respectent tous le principe de neutralité de la loi de 1905, comprenant que la place de la crèche a sa place à l’église, dans tous lieux cultuels ou chez soi.
Le Préfet est-il « au champ », comme disait Daudet ?
Le Préfet de l’Hérault est bien silencieux et inactif. C’est en effet son rôle de contrôler la légalité de la décision du maire de Béziers qui viole indéniablement le principe de laïcité. Pour cela, il dispose d’un outil totalement adapté : le déféré suspension laïcité que lui permet la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République. Souhaitons que le Préfet ne reste pas « au champ » et se promène aussi dans la ville.
Revoyons notre géographie, Béziers serait-il en Provence ?
Le maire de Béziers se défend en déclarant que sa crèche à roulettes présente un caractère culturel ou festif et non religieux (faut oser !).
Non, nous n’avons pas cette tradition culturelle. L’Occitanie n’est pas la Provence, la tradition des santons d’une crèche représentée avec tout son village entier avec la figuration des commerçants, des artisans de la ville, le boulanger, le cordonnier, ou le cafetier ne nous concerne pas, elle n’a jamais fait partie de nos coutumes.
Quant au raisonnement justificatif des 20 000 visiteurs, il est tout à fait spécieux, la présence d’un immense sapin de Noël avec animation visuelle dans la cour de l’Hôtel de Ville aurait le même impact public !
Une incompréhension de la jeunesse !
Le plus grave, ce sont les interrogations légitimes des jeunes. En effet, en collaboration avec l’Education nationale, la LDH de Béziers intervient régulièrement dans les lycées et collèges sur des ateliers divers, égalité femme/homme, discriminations, migrations, mais aussi laïcité. Sur ce sujet c’est l’occasion d’expliquer et de débattre de la loi 1905 ainsi que celle de 2004 qui précise « …dans les écoles les collèges, les lycées publics, le port de signe ou tenue par lesquelles les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. »
Et le débat est alors bien animé lorsqu’ une jeune lycéenne prend la parole et interroge « pourquoi devrais-je respecter la neutralité religieuse ici à l’école dans un bâtiment public, alors que le maire lui ne la respecte pas avec la crèche à la mairie ? »
Le bon sens populaire, si cher au maire de Béziers, dit que c’est par l’exemplarité que l’on peut faire grandir la jeunesse, l’élu de Béziers devrait y songer au moment où en ce 9 décembre est célébrée partout en en France la journée nationale de la laïcité.