Nous terminons aujourd’hui ces interviews d’adhérentes de notre section, toujours avec Hawa, qui conclut cette série d’expressions avec cette question :

Quels sont les combats que les femmes d’aujourd’hui doivent mener ?

Quoique l’on pense, quoique l’on fasse, la dissolution du patriarcat passera obligatoirement, inexorablement, par la lutte des classes (adaptée à l’époque) et l’invention quotidienne de la dignité. Il ne s’agit pas de « mettre les femmes au pouvoir » : c’est encore une idée patriarcale. Il s’agit d’inventer une façon de vivre, ni molle, ni tolérante, ni asexuée qui ne reprenne ni les habitudes lointaines et ancrées du matriarcat (abandonnées, ça ne fonctionnait plus) ni les agressions quotidiennes du patriarcat qui nous ont  amenés au désastre planétaire. Il faut en finir avec la pratique du pouvoir, bien fixée grâce à la mentalité religieuse (encore en cours même chez les gens athées, et chez les gens dits « de gauche »). L’angoisse de « ne pas exister » aveugle la raison.

Il va falloir apprendre à « faire de la place » à tous, en dehors de l’argent, des biens et de toute domination effective. En quelque sorte, il faut que la personne humaine devienne adulte.

Les positions à défendre : Refuser la guerre. Refuser le déboisement. Refuser la procréation robotisée, réguler les naissances, refuser la transformation du corps féminin en androïde fade (vêtement, postures, enfantement, sexualité, mentalité). Ne plus adorer le mythe masculin au point de vouloir lui ressembler : les femmes sont fortes, les femmes sont immenses, la vie est immense et fragile, et les femmes sont fragiles…Oui… « Elles sont fragiles comme l’herbe qui se relève après le passage d’un tank ».

Elles doivent obtenir la condamnation du viol, que l’on soit homme ou femme à le subir. Elles ne doivent plus tomber dans l’angoisse masculine.

Et tout le reste n’est que sable sous les paupières. Les féminismes cosmétiques n’apporteront que de la poudre aux yeux, l’impossibilité d’y voir clair. Une agitation dérisoire.

L’essentiel de la pensée féminine : oui, comme Clara Zetkin, refuser la guerre, la refuser sous toutes ses formes. Refuser d’imposer la douleur, au minéral, au végétal, à l’animal, à l’humain. Refuser de gâcher, de jeter, de tuer. Ce n’est pas un système, c’est un programme.

 

Avoir le courage de promouvoir les deux sentiments les plus insupportables aux yeux du patriarcat, sentiments des moins connus, des moins acceptés, sentiments si profonds, si sérieux que l’esprit dispersé masculin, en général, les renie (les déteste et plus profond encore) : la liberté et l’amour.

 


Post-scriptum : c’est un soulagement que d’entendre parler de la célébration de « la journée du Droit des Femmes ». Parce que supporter le vocable imbécile et dégoûtant de « fête des femmes » me fait mal aux cheveux et au ventre ! Pour mémoire, c’est lors d’une internationale communiste (A Bâle) que Clara Zetkin, avocate du droit des femmes, propose une journée pour commémorer la grève, aux Etats unis, des travailleuses du textile. Elle lutte pour le droit de vote, le droit au travail dans la dignité. C’est sous le régime de Pétain, en France, que l’extrême droite déguisera la journée des femmes travailleuses en  « fête des femmes » (et la fête des hommes, c’est quand ?) Cela n’a aucune signification et est humiliant. Donc, merci à la LDH d’avoir remis les mots à leur place.