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Est-ce le rôle d’un maire dans son hôtel de ville de célébrer systématiquement des fêtes religieuses ? Après avoir installé à nouveau une crèche de la Nativité au sein de l’hôtel de ville de Béziers, en totale contradiction avec la loi du 9 décembre 1905 sur la laïcité, le Maire invite la communauté juive pour fêter Hanouka le 14 décembre prochain sur la place de la Mairie.

 

Pourquoi notre maison commune à tous, celle de Marianne et haut lieu de la République, où flotte le drapeau tricolore issu de la Révolution Française, centre de la vie civique locale, devrait-elle accueillir des manifestations à caractère religieux ?

Si le Maire souhaite saluer la communauté catholique il peut se rendre à l’église, s’il souhaite faire de même avec la communauté juive, il peut se rendre alors à la synagogue, il peut même saluer la communauté musulmane en partageant le mouton à la fête de l’Aïd-el-Kébir, ou se rendre de la même façon chez les protestants ou les bouddhistes.

Et pour qu’il n’y ait pas de malentendus, il est utile de préciser que la participation d’un maire dans un lieu de culte fait partie des obligations habituelles des élus qui, invités à une cérémonie religieuse, n’ont aucune raison de refuser, dès lors qu’ils n’y viennent pas ès qualité, c’est-à-dire avec leur écharpe et qu’ils s’abstiennent de tout comportement religieux.

 

Jean-Paul Palmade, président de la section LDH de Béziers, rappelle que conformément à la loi de 1905 et de son article 28, les symboles ou fêtes religieuses ne peuvent trouver place dans les lieux publics de la République. La règle est simple et audible par tout citoyen et nécessairement par le 1er magistrat de Béziers :  nulle réception ni signe ou emblème à caractère religieux ne peuvent se faire à l’intérieur de l’enceinte d’une Mairie

Ainsi, le 1er magistrat de Béziers d’une manière récurrente, s’assoit sur les dispositions réglementaires et transgresse l’obligation de neutralité de l’État, des collectivités ou du service public.

Comprenons bien la position de la LDH : il ne s’agit en aucune façon de s’opposer à la célébration de la naissance de l’enfant Jésus ni de réfuter la fête traditionnelle juive de l’Hanouka ou toutes autres cérémonies commémorées par d’autres communautés religieuses. Nous reconnaissons à la fois la liberté religieuse et le libre exercice des cultes.

Il est simplement question de rappeler que les évènements religieux se fêtent dans les lieux de culte appropriés, ou chez soi, ou plus largement dans la sphère privée, en aucune façon dans les espaces publics républicains que sont les Mairies.

 

Ce principe nous paraît tellement évident et naturel, qu’il ne saurait être contesté par tout citoyen respectueux des lois de la république. Ce principe fut fortement exprimé par Victor Hugo le 14 janvier 1850 devant la chambre des députés : « L’église chez elle, l’État chez lui ».

Alors, notre premier magistrat continuer a-t-il à se positionner en arbitre ou en prosélyte d’une religion ? Continuer a-t-il à s’opposer à la décision du Conseil d’État, plus haute juridiction administrative, qui en date du 16 novembre 2022 confirmait l’interdiction des crèches de Noël dans les Mairies ?

 

Pour notre part, nous poursuivrons sans relâche notre combat contre ces atteintes répétées à la laïcité. Nous défendrons légitimement et indéfectiblement cette règle de neutralité énoncée dans l’article L121-2 du code général de la Fonction publique « dans l’exercice de ses fonctions, l’agent public est tenu à l’obligation de neutralité et exerce ses fonctions dans le respect du principe de laïcité. » 

In fine, que peut bien rechercher M le Maire de Béziers : les Voies spirituelles ou les voix électorales ?

Le 8-12-2023

PS : C’est avec incompréhension et désapprobation que nous venons d’apprendre que le Président de la République a participé jeudi 7 décembre à l’Elysée aux célébrations de la fête de Hanouka.