C’est devant un public important et attentif que l’avocat Jean-Jacques Gandini, auteur du livre « Le procès Papon », a présenté son exposé avec brio et passion.

« Devoir de désobéissance contre Raison d’Etat », en effet le procès de Maurice Papon en 97/98 à Bordeaux a marqué un tournant sur plusieurs plans.

Jean-Jacques Gandini, conférence LDH-Cimade

Jean-Jacques Gandini a tout d’abord rappelé, étape par étape la carrière de haut fonctionnaire de Maurice Papon. Le procès de Bordeaux a été le premier jugement d’un haut fonctionnaire de Vichy pour complicité de crime contre l’Humanité. Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Gironde en 42-44 est le premier cadre de l’État français condamné pour son rôle direct dans la déportation de plus de 1600 juifs dont de nombreux enfants.

Ce procès a permis l’évolution de la jurisprudence pénale. En effet en jugeant un ancien fonctionnaire pour crime contre l’humanité, la cour d’assises de la Gironde a posé un précédent durable : elle a validé l’idée que nul, pas même un représentant de l’État, n’est à l’abri de poursuite pour atteinte massive au Droits fondamentaux.

Enfin, le procès a été la réhabilitation de la mémoire et la reconnaissance de la responsabilité de l’État, car pendant plus d’un demi-siècle, l’affaire avait été freinée au sommet de l’État et se procès l’a officiellement confronté à l’histoire et permis de faire le lien entre la politique de Vichy et la responsabilité des administrations françaises dans la déportation des Juifs.

Jean-Jacques Gandini a rappelé que le procès Papon a ainsi posé les enjeux liés à la désobéissance civile. L’obéissance passive du fonctionnaire n’est pas de mise lorsque l’ordre donné est manifestement illégal selon les termes du statut des fonctionnaires.

 

L’éthique de conviction doit primer sur l’éthique de fonctionnement. Dans son ouvrage Hauts Fonctionnaires sous l’Occupation, François Bloch-Lainé rappelle :

Jean-Jacques Gandini a dédicacé son livre à de nombreux participants

« On n’est jamais obligé de prêter la main à des crimes en servant de près quelque pouvoir que ce soit, de nier par son soutien actif ou passif des convictions fondamentales. Dans la fonction publique, on peut toujours se mettre à l’abri des compromissions au prix de quelque courage, à l’abri d’un plus clair discernement. Or, nombre de nos contemporains ne l’ont pas fait, faute d’avoir identifié en temps utile, selon des critères préalablement adoptés, le seuil de l’acte déshonorant. Nul n’était obligé à quelque rang que ce fut d’aller à l’encontre de sa conscience. 

 

 

La conférence-débat s’est ensuite achevée avec de nombreuses questions de la salle ainsi que la signature de l’ouvrage rédigé par Jean-Jacques Gandini, « Le procès Papon » aux éditions Le passager clandestin.